vendredi, juillet 15, 2011

Télégramme d'été : naissance d'un réseau d'étude du rock prog

Ci-dessus la pochette du premier disque (1974 Virgin) d'Hatfield and the North

Alors qu'il avait été balayé par la génération indé et considéré comme démodé et vaincu par les ouvrages historiques sur le rock (souvent rédigés par les premiers), le rock progressif effectue un intéressant retour depuis quelques années. Cette galaxie de musiques intéresse des groupes actuels (par exemple le groupe Porcupine Tree ou les métaleux Tool, fans de King Crimson), des acteurs/réalisateurs liés au rock l'utilisent dans leurs films (par exemple Vincent Gallo), des DJ(s) de techno citent du prog dans leurs playlists et le remixent, un des groupes de rock actuels les plus populaires (Radiohead) pourrait être considéré comme une sorte de formation progressive, de même que plusieurs générations d'auditeurs redécouvrent ce style. Un phénomène attesté par le nombre de plus en plus croissant de cover bands, des formations qui reprennent le répertoire des “dinosaures” prog (Yes, Genesis, King Crimson etc. ), et même par les hybridation(s) entre formations historiques et cover bands. Ainsi, le groupe Yes a récemment recruté à la place de son chanteur historique, Jon Anderson, un jeune vocaliste issu d'un groupe de reprises de Yes, découvert via Youtube. De même, le groupe canadien The Musical Box reinterprète en concert les premiers disques et spectacles de Genesis, bénéficiant pour cela des archives musicales et graphiques du groupe. Dans un même ordre d'idées, des anciens de King Crimson ont effectué des tournées (et des enregistrements) sous le nom de 21 St Schizoid Band (une chanson du 1er disque de la formation). Ce qui (me) fascine ici c'est, qu'à des degrés divers, ces différentes formations imitent presque parfaitement leurs modèles et en tout cas que les gens qui viennent les écouter viennent chercher là quelque chose du passé.
Au-delà des groupes vedettes, la circulation de la musique sur le Net -et particulier via les blogs- met également à jour des centaines de formations anciennes et actuelles issues de très nombreux pays.
C'est dans ce contexte, qu'un réseau international de chercheurs -auquel j'appartiens- s'est constitué à l'initiative
du musicologue britannique Allan Moore. Outre que j'ai toujours aimé et revendiqué l'héritage de cette musique, l'étude du rock progressif m'intéresse parce qu'elle permet de poser une série de questions passionnantes sur les étiquettes stylistiques, (c'est quoi prog ?) la localisation des genres musicaux (celui-là étant censé être principalement britannique), la façon dont les enregistrements et les images des formations rock sont reproduits et surtout la place des vaincus dans l'histoire de l'art. Ce réseau intitulé ACADPROG dispose désormais d'un site (hébergé par l'Université de Bourgogne) et organisera un congrès à Edinburgh (Écosse) l'année prochaine. J'y reviendrai mais en attendant vous pouvez accéder au SITE

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